Troubles anxieux
D’où vient la peur?
L’anxiété ou la peur est une réaction normale à une situation menaçante. Un certain degré d’anxiété peut être bénéfique pour nous aider à mieux faire face au danger. Cependant, si cette réaction se généralise à toutes les situations de la vie courante ou si elle se révèle sans commune mesure avec le danger réelle, il y a problème.
Il faut tout d’abord distinguer l’angoisse névrotique, où la personne est consciente compte de l’irréalité du danger (j’exagère, je ne devrais pas penser comme ça !) de l’angoisse psychotique, où le danger imaginaire (les martiens attaquent) est faussement perçu comme réel.
Longtemps, la peur a été expliquée par les théories de Freud : elle serait le résultat du refoulement de pulsions inconscientes menaçant le Moi, comme un conflit œdipien. Dans cette optique, cette peur ne pourrait être que le résultat d’un conflit issu dans l’enfance. Le présent est la suite du passé, selon ce principe linéaire de cause à effet. Il faudra donc chercher dans le passé les sources cachées de cette angoisse.
Les comportementalistes eux envisagent eux les pathologies de la peur en termes de conditionnement. Suites aux travaux de Pavlov, où l’on voit un chien saliver au son d’une cloche, après avoir été conditionné, certains chercheurs ont été jusqu’à prouver qu’il était possible de créer une phobie expérimentale chez un enfant, par réflexe conditionné. La thérapie doit donc établir de nouveaux réflexes conditionnés, plus utiles.
À partir des années 50, ethnologues (Bateson) et thérapeutes s’intéressent à la cybernétique : selon eux, un comportement pathologique n’est pas le résultat linéaire d’événements, mais doit être décrit comme une boucle de rétroactions – le fameux cercle vicieux autoentretenu. Chaque effort de résoudre le problème selon le bon sens ne fait que renforcer l’effet. Il faut donc utiliser des injonctions paradoxales pour briser le cercle infernal, utilisant des stratégies thérapeutiques décidées d’avance.
Différentes formes de peur
La peur simple est une réaction globale liée à une menace précise et identifiable, présente ou à venir.
L’anxiété est relative à un danger plus vague, plus lointain, souvent imaginaire.
L’angoisse fait intervenir avant tout le corps : c’est très fréquemment une impression de resserrement dans la gorge, la poitrine ou le ventre. Le mot a été formé à partir de la racine indo-européenne ang/eng qui signifie resserrement.
Lorsque la peur atteint un paroxysme, elle se manifeste comme une attaque de panique.
Tout en reprenant dans les grandes lignes la classification ancienne (névrose d’angoisse, névrose phobique, névrose obsessionnelle), la psychiatrie moderne (ICD et DSM) s’est dans les années 80 affranchie des concepts freudiens de névrose, pour s’en tenir à une conception uniquement descriptive : plus besoin d’être névrosé pour être phobique !
Principaux groupes de troubles anxieux
Les phobies sont des troubles anxieux liés à une situation ou un “objet” spécifique. En général, en dehors de cette situation spécifique, les sujets mènent une vie parfaitement normale. Cette situation peut aller d’une simple impression de gêne jusqu’à l’attaque de panique. Les principales phobies sont :
L’agoraphobie (avec ou sans attaque de panique) signifie peur des places publiques et décrit la peur de sortir de chez soi.
La phobie sociale : le contact avec d’autres personnes est évité.
Les phobies spécifiques (isolées) : claustrophobie, peur des examens, peur des insectes, des chiens, des araignées, de l’eau, etc.
Les attaques de panique ne sont pas liées à une situation particulière et sont donc imprévisibles. Elles débutent typiquement par des symptômes neurovégétatifs, tels que palpitation cardiaque, accès de sueur, tremblements, douleur de poitrine, suivis rapidement par une peur intense de mourir ou de perdre le contrôle.
L’angoisse généralisée est un état anxieux plus ou moins permanent, indépendant d’une situation particulière. Ici aussi l’on retrouve les mêmes symptômes physiques, mais d’une manière atténuée et chronique.
Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sont les tics, les “manies”, comme la manie de contrôler dix fois de suite si la porte de l’appartement est bien fermée avant de partir ou si la cuisinière est éteinte. Les rituels peuvent parfois prendre une heure ou plus, si bien qu’une vie normale n’est plus possible. Il peut aussi s’agir de comportements uniquement mentaux : pensées obsédantes répétitives (par rapport à une petite faute commise au travail ou à son identité sexuelle) qui donnent l’impression au patient de devenir fou.
Les différentes formes de troubles du stress post-traumatiques (entre autres le ESPT) sont liés à un traumatisme psychologique identifiable. Ici la liaison de cause à effet est évidente.