THÉRAPIE DES TROUBLES ANXIEUX
S’il nous faut d’abord citer la psychanalyse, c’est parce que Freud fut le premier à fournir une explication et un modèle thérapeutique pour le traitement des phobies. Dans le cas du Petit Hans (1905) il décrit comment un petit garçon de 5 ans développe une phobie des chevaux, transformant son complexe de castration en peur d’être mordu. Une thérapie brève lui permit de se guérir. Cependant, il s’avère que les troubles anxieux spécifiques ne sont pas une bonne indication pour un traitement psychanalytique. Ceci particulièrement en ce qui concerne les phobies et les suites de traumatisme. Il existe actuellement d’autres méthodes qui permettent de travailler plus rapidement et plus facilement tout en obtenant un résultat durable. L’argument selon lequel « seule une thérapie en profondeur (sous-entendu analytique) peut guérir définitivement un trouble anxieux » n’est pas confirmé par la réalité. Voici donc quatre techniques, avec lesquelles je travaille très souvent de manière combinée.
Thérapie comportementale et cognitive (TCC)
Les TCC ont peu à peu gagné le respect du monde scientifique. Elles sont de nos jours recommandées par l’OMS en première intention pour le traitement des états phobiques (WHO – Treatment of Mental Disorders – 1993). Le travail thérapeutique est centré sur le problème actuel et sur la guérison du symptôme visible. Îl n’y a à priori ni interprétation, ni recherche d’une cause dans le passé. Le patient apprend à observer par quelles pensées ou croyances (cognitions) il entretient aujourd’hui sa peur. Séance après séance, sous la direction active du thérapeute, il découvre comment se détendre (relaxation) et, par des exercices de confrontation imaginaires ou réels (in vivo), il déprogramme son comportement anxieux. C’est donc avant tout par l’expérience que le patient avancera pour retrouver confiance dans son environnement. Les TCC sont aussi applicables aux troubles anxieux généralisés, surtout lorsque un conflit intrapsychique ne peut pas être mis en évidence ou que le patient n’est pas accessible à un traitement analytique.EMDR (Eyes Movements Desensitization and Reprocessing).
Dernier rejeton des nouvelles thérapies brèves, cette technique développée à partir de 1987 par la psychologue américaine Francine Shapiro, allie une technique simple de stimulation bilatérale (p.ex. les mouvements des yeux, mais aussi le tapotement, les stimulations visuelles ou auditives) à un ensemble de techniques déjà éprouvées (thérapie cognitive, exercices d’imagination, hypnose,…). Ce cocktail bien dosé permet une accélération parfois spectaculaire du travail thérapeutique. L’intérêt de l’EMDR est de permettre une confrontation (exposition) relativement courte. En raison même de cette rapidité il est souvent nécessaire de bien préparer le travail par une phase de stabilisation. Différents exercices d’imagination ou de respiration peuvent être utilisés. Dans la phase de traitement, aussi bien la quantification du stress (échelle) que la formulation des cognitions, des émotions et des sensations corporelles liées à la scène évoquée, nous rappellent la TCC. Et puis, même si les praticiens de l’EMDR se défendent « des pieds et des mains » contre tout amalgame, les effets de transe (hypnose) et de dissociation thérapeutique (PNL) sont indéniables.
Pour en savoir plus sur l’EMDR >>EFT (Emotional Freedom Technique)
Le EFT - décrit plus en détail ici - fait partie des thérapies dites “psycho-énergétiques”.Psychoéducation
Dans le cas du burnout ou dans les suites d’un accident vasculocérébral (AVC), l’épuisement mental se manifeste sous forme d’angoisse — souvent une attaque de panique — plutôt que de fatigue. Il s’agit alors d’apprendre à “compter les points” (quand est-ce que c’est trop) pour gérer son budget d’énergie consciemment.
L’hypnose sans hypnose de Milton Erickson et la PNL.
Dans les années 1920 Milton Erickson, un jeune psychiatre américain apprend l’hypnose classique, où il excelle bientôt. Obligé par son nouveau patron d’y renoncer, il développe une technique d’induction informelle sans phrases stéréotypées ni pendule. Ansi par le biais d’une « hypnose conversationelle », il peut contourner élégamment les résistances des patients. Grâce aux métaphores et au recadrage, il stimule leur ressources et leur potentiel naturel de guérison. Les recherches que Milton Erickson mènera jusqu’à sa mort en 1980 attireront dès les années soixante des chercheurs de pointe de toute l’Amérique, en particulier Georges Bateson et l’équipe de Palo Alto. Deux psychologues, Grinder et Bandler, à la recherche des meilleurs thérapeutes du pays étudieront sa méthode avec acribie pour en dégager l’essentiel. Ils créent alors la PNL, une technique à la fois complexe et remarquablement bien structurée qui reprend en substance la plupart des découvertes de Erickson (mais aussi de Fritz Perls, Virginia Satir et Frank Farelly). L’avantage de la PNL est qu’elle est relativement standardisée et qu’on peut l’apprendre relativement rapidement. Son désavantage est incontestablement sa pauvre validation scientifique qui lui vaut beaucoup de détracteurs. , Par contre, Milton Erickson, tout en étant psychiatre, fut un improvisateur et un conteur sans pareil. Il n’est donc pas facile à imiter. L’Hypnose Ericksonienne et la PNL offrent des instruments de travail précieux pour le traitement des troubles anxieux. L’une et l’autre ont une approche ludique (de jeu) qui sera particulièrement appréciée par les patients qui stressés par le traitement. Elles permettent de passer en souplesse d’un registre de perception à un autre (p. ex. de visualiser la peur au lieu de la sentir), proposant des techniques de mise à distance (se voir de l’extérieur, voir une scène de très loin, etc.). Elles renforcent également les ressources naturelles (activités physiques, souvenirs agréables, plaisirs de la table) et offrent des outils de déconditionnement rapide.
En savoir plus sur la PNL >>Thérapie stratégique selon Nardone et Watzlawick
Dans les années 80, de nombreux thérapeutes ont mis en pratique ce qu’ils avaient appris sur la notion de système et de cybernétique. Watzlawick à Palo Alto (Californie) et Giorgio Nardone à Arezzo (Italie) publieront ensemble différents ouvrages sur la communication paradoxale. Ils utilisent même explicitement l’expression d’Hahnemann « similia similibus curantur » , soigner le mal par le mal, pour désigner leur intervention. C’est l’histoire – vraie – du gendarme qui crie au pauvre homme qui essaie de se noyer : « arrêtez ou je tire ! » et lui sauve ainsi la vie.La découverte du livre de Nardone « Peur, panique, phobies » m’a donné une clef essentielle pour le traitement des troubles anxieux. Il propose un schéma de dix séances avec un protocole fixé d’avance. Au lieu d’aider le patient à éviter ses peurs et/ou ses obsessions, il les prescrit impérativement. Dans un deuxième temps, il donne des tâches à accomplir où le paradoxe et la ruse sont utilisés systématiquement. La technique de prescription – que Erickson avait lui-même abondamment utilisée – est très efficace pour traiter des idées fixes (« je ne vaux rien, tout ça, c’est ma faute, etc. ») - à condition qu’il ne s’agisse pas d’un trouble obsessionnel grave. Alors que celles-ci peuvent bloquer un traitement pendant des années, la prescription du symptôme (“j’aimerais que vous pensiez du mal de vous, 10 minutes par jour ! ») va bientôt laisser place à de nouvelles pensées plus positives (« tu es bien comme tu es ! », etc.). Comme les comportements anxieux et obsessionnels sont très souvent combinés, cette manœuvre simple est appréciable.