Harcèlement

Synonymes: Harcèlement psychologique, mobbing, persécution au travail.

Historique

Harcèlement ou mobbing? Comme nous l’apprend Robb, mobbing est un pseudo-anglicisme. Les anglophones préfèrent parler de “harassment” (harcèlement), de “bullying “chez les collégiens ou de “whistleblowing” (ceux qui répandent de chuchotements). En Europe c’’est vers 1980 que Heinz Leymann, docteur en psychologie du travail, a commencé à faire ses recherches sur le mobbing, qui est en fait un phénomène de groupe, alors que le harcèlement peut aussi se passer entre deux personnes, dans un cadre professionnel ou privé. L’un et l’autre représentent une agression répétitive ou continue, souvent insidieuse et invisible, difficile à percevoir de la part des victimes et pernicieuse. Les conséquences du harcèlement professionnel sur la santé sont énormes. Leymann parle d’un coût social moyen d’environs 90.000 € par cas.

En France, il a fallu la parution de “Le harcèlement moral“, de Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste française, pour que le public prenne conscience du problème. Ce livre publié à plus de 450′000 exemplaires a causé un déferlement de témoignages et d’initiatives, aboutissant entre autres en 2001 à un amendement de la Constitution française, introduisant la notion de harcèlement moral dans le Code du travail français.

Dynamique du harcèlement

Il a été longtemps considéré que les victimes étaient elles-mêmes responsables de leur malheur. C’est un peu la faute à Freud. Après avoir avancé que les névroses pouvaient être causées par une agression sexuelle, il tourne sa veste et prétend que les abus sont des phantasmes et que de toute façon, l’enfant a des désirs incestueux. Il faudra attendre les années 80 pour que les témoignages d’abus commencent à être publiés. Pourtant, de nos jours, une grande partie des psychiatres continuent à croire que c’est la faute de la victime, si elle est agressée ou harcelée. Le grand mérite de Leymann (qui a été seulement traduit en 1996 en français) est de montrer comment un groupe peut à partir de presque rien, transformer une personne en une victime rancunière, méfiante, voire paranoïde, pleurnichant ou détestable. Hirigoyen montre que les persécuteurs pervers se retrouvent à tous les échelons de la société, et se font un grand plaisir d’agresser les autres. Leur tenir tête est une mission impossible.

Le harcèlement en action

Lorsque les gens arrivent à ma consultation, le harcèlement dure souvent depuis des années. Ils sont parfois en arrêt de travail depuis un certain temps : ils somatisent (douleurs, maux de tête, ulcères, …), souffrent de troubles du sommeil, de nervosité et d’anxiété. Il est alors impératif de leur faire changer de lieu de travail (ce que recommande également Hirigoyen). On n’est pas marié à son employeur !

Dans les cas plus récents, si le persécuteur n’est pas un pervers, la victime peut apprendre à combattre. Mais attention, l’attaque de front, surtout vis-à-vis d’un supérieur, n’est pas recommandée ! Il s’agira, comme le montre très bien Nazare dans “Les manipulateurs sont parmi nous” d’utiliser les mêmes astuces et de retourner l’ascenseur à l’agresseur sans qu’il ne s’en aperçoive. Ce début de “revanche” fera le plus grand bien à la victime.

Exemple : une sympathique jeune femme a un nouvel emploi. Elle se sent constamment attaquée et rabaissée par sa chef. Comme je la sais assez discrète, peut-être parfois même trop gentille, je lui donne une tâche, que je démontre puis exerce avec elle : faire des gestes brusques, précis et bruyants. Comme une serveuse rangeant son bistro en fin de soirée. Dès le lendemain elle commence. Une semaine plus tard, elle m’appelle pour me dire que cela va mieux. Sa chef a été d’abord un peu étonnée, sans pouvoir dire quoi que ce soit, puis a cessé ses commentaires désobligeants. Quatre semaines plus tard, la patiente se sent très bien, sa chef semble même avoir elle-même des ennuis avec ses supérieurs : hasard ?

Bien sûr, c’est rarement aussi simple. Si le patient a en plus des problèmes de couple, des traumatismes de l’enfance et des problèmes de santé, le travail sera plus difficile. Quoi qu’il en soit, la première chose à faire est de découvrir, ensemble, quelles sont les attaques qui le déstabilisent le plus facilement. C’est instructif. Je lui recommanderai aussi de lire un ou deux ouvrages (voir littérature) pour comprendre intellectuellement ce qui se passe. C’est en effet un long processus de désintoxication. Souvent, la dévalorisation a commencé dans le passé, dans sa famille d’origine ou avec un partenaire abusif. Plus tard, le dialogue intérieur s’est automatisé. Il faut donc aujourd’hui déprogrammer ces phrases négatives et installer des messages (images et mots) positifs.

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